[ Pobierz całość w formacie PDF ]

[Note 1: Salle no 119 de la Notice du Musee.]
Le soir, la cour assista, dans le salon de la Paix[2], a un feu d'artifice tire au bout de la piece d'eau des Suisses,
puis a un souper servi, comme le festin du jour, dans l'antichambre de l'appartement de la reine.
[Note 2: Salle no 114 de la Notice.]
Le 11 decembre, il y eut un grand bal dans la galerie des Glaces. Des pyramides de bougies rayonnaient plus
encore que les lustres et les girandoles. Louis XIV avait dit qu'il serait bien aise que la cour deployat un grand
luxe, et lui-meme, qui depuis longtemps ne portait plus que des habits fort simples, en avait endosse de
superbes. Ce fut a qui se surpasserait en richesse et en invention. L'or et l'argent suffirent a peine. Le roi, qui
avait encourage toutes ces depenses, n'en dit pas moins qu'il ne comprenait pas comment on trouvait des maris
assez fous pour se laisser ruiner par les habits de leurs femmes.
Deux jours apres son mariage, la duchesse voulut se montrer en habit de ceremonie a ses amies de Saint-Cyr.
Elle etait tout en blanc, et sa robe avait une broderie d'argent si epaisse, qu'a peine pouvait-elle la porter. La
communaute recut la princesse en grande pompe, et la conduisit a l'eglise, ou l'on chanta des hymnes.
En peu de temps, l'aimable princesse devint une femme seduisante entre toutes et indispensable a la cour. Sans
elle les fleurs seraient moins belles, les prairies moins riantes, les eaux moins claires. Grace a son charme
seducteur, tout se ranime, dans ce palais qui ressemblait a un fastueux couvent, tout s'eclaire des rayons d'un
soleil printanier. Elle aime sincerement Louis XIV. On n'approche pas sans emotion de cet homme
exceptionnel, pour qui l'on devrait inventer le mot prestige, si ce mot n'existait pas, et qui est aussi affectueux,
aussi bon, aussi affable qu'il est majestueux et imposant. L'admiration que professe pour lui la jeune princesse
est sincere. Reconnaissante et flattee des bontes qu'il lui temoigne, elle le venere comme le representant le
plus glorieux du droit divin, et tout en le venerant elle l'amuse. Elle lui saute au cou a toute heure, se met sur
XIV. LA DUCHESSE DE BOURGOGNE 59
La Cour de Louis XIV
ses genoux, le distrait par toutes sortes de badinages, visite ses papiers, ouvre et lit ses lettres en sa presence.
C'est une succession continuelle de parties de plaisir et de fetes. Suivie par un cortege de jeunes femmes, la
princesse aime a monter en gondole sur le grand canal du parc de Versailles, et a y rester plusieurs heures de
la nuit, parfois jusqu'au lever du soleil. Chasses, collations, comedies, serenades, illuminations, promenades
sur l'eau, feux d'artifice, on organise chaque jour une nouvelle distraction.
Le roi le veut, il faut que la duchesse de Bourgogne se plaise dans cette cour dont elle est l'ornement,
l'esperance. Il faut qu'elle deride le monarque lasse de plaisirs et de gloire. Il faut qu'elle soit le bon genie,
l'enchanteresse de Versailles. Il faut que, dans les glaces de la grande galerie, se refletent ses toilettes
splendides, ses parures eblouissantes. Il faut qu'elle apparaisse dans les jardins comme une Armide, dans les
forets comme une nymphe, sur l'eau comme une sirene.
Dans la salle des gardes de la reine[1], on voit actuellement un portrait en pied de la princesse. Elle est debout,
habillee d'une robe de drap d'argent, et tient dans la main gauche un bouquet de fleurs d'oranger. Une femme
vetue a la polonaise porte la queue de son manteau fleurdelise. Devant elle, un amour tient un coussin sur
lequel sont posees des fleurs. On apercoit dans le fond du tableau un jardin et un piedestal, sur lequel on lit la
signature du peintre: Santerre 1709. Ce que l'artiste a si bien fait avec le pinceau, Saint-Simon l'a fait mieux
encore avec la plume. Le sarcastique duc et pair devient un admirateur enthousiaste, un poete, quand il decrit
les charmes de la princesse:  ses yeux les plus parlants et les plus beaux du monde, son port de tete galant,
gracieux et majestueux, son sourire expressif, sa marche de deesse sur les nues. Il n'admire pas moins ses
qualites morales, tout en lui trouvant des defauts. Il se plait a reconnaitre qu'elle est douce, accessible, ouverte
avec une sage mesure, compatissante, peinee de causer le moindre ennui, pleine d'egards pour toutes les
personnes qui l'approchent, que, gracieuse pour son entourage, bonne pour ses domestiques, vivant avec ses
dames comme une amie, elle est l'ame de la cour dont elle est adoree.  Tout manque a chacun dans son
absence, tout est rempli par sa presence, son extreme faveur la fait infiniment compter, et ses manieres lui
attachent tous les coeurs.
[Note 1: Salle N deg. 118 de la Notice du Musee.]
Et cependant, la calomnie ne la respecte point. On lui reproche tout bas certaines inconsequences, que la [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • alwayshope.keep.pl
  •