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LAURENCE: Vous riez?
MAXIME: Je ne sais qui peut vous avoir envoy� ce bouquet, mais je vous
jure que ce n est pas moi.
L�ONIE: Qui cela peut-il �tre, alors?
SC�NE IX.
LES M�MES, ROQUEFEUILLE.
ROQUEFEUILLE, entrant pr�cipitamment et s annon�ant: C est moi!
L�ONIE: Comment, c est vous?
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Onze jours de si�ge  Jules Verne
ROQUEFEUILLE: Eh! parbleu! oui, c est moi!... Robert est-il pr�t?
LAURENCE: Ah! vous �tes l auteur d une pareille mystification?
ROQUEFEUILLE: Quelle mystification?
L�ONIE: J aurais d� m en douter!
ROQUEFEUILLE, ahuri: Mais quoi? (L�onie lui montre le bouquet.)
L�ONIE: Vous avez l impertinence de m adresser un bouquet de fleurs
d oranger � moi, madame de Vanvres?
ROQUEFEUILLE: Des fleurs d oranger! � vous, encore! Merci! Quelle
plaisanterie! J aurais compris une caisse d oranges.
L�ONIE: Ainsi, ce n est pas vous?
MAXIME: Je vous jure...
LAURENCE, � Roquefeuille: Ni vous?...
ROQUEFEUILLE: Mais, sac � papier! d�p�chons-nous donc! O� est
Robert?
LAURENCE ET L�ONIE: Chut!
ROQUEFEUILLE: Dieu me pardonne! je crois qu il dort!
L�ONIE: Il en a tout � fait l air!
ROQUEFEUILLE: Il a bien choisi son temps! Je viens de la mairie, nous
n avons pas une minute � perdre. R�veillez-le, r�veillez-le! Il ne peut para�tre
dans ce costume devant les autorit�s!
LAURENCE: Mais, comment?
ROQUEFEUILLE, exasp�r�: Eh! c est votre affaire, sac � papier! Depuis ce
matin, je ne fais que monter et descendre des escaliers, et courir de l �glise � la
mairie, et de la mairie � l �glise! C est le maire qui me renvoie � son vicaire, et
l adjoint qui me renvoie � son bedeau. Et les voitures et les cochers, et la
marmaille!... Monsieur le mari�!... monsieur le mari�!... Oui! oui! je t en moque! ...
le mari�!... T�che de m y prendre! ... va!...
MAXIME: Mais alors, mais alors!... Madame consent!... Vous consentez
donc?...
L�ONIE: Hein?
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Onze jours de si�ge  Jules Verne
MAXIME: Mais ce mariage!... cette �glise, cette mairie! C est pour nous!
L�ONIE: Pour nous!
MAXIME: Dame!
ROQUEFEUILLE: Tiens! c est vrai, il ne sait rien, lui!... Laissons-lui son
erreur!... le malheureux!
MAXIME, � L�onie: Ah! madame!... si vous consentez... un mot... un seul
mot!...
ROQUEFEUILLE, faisant passer L�onie: Allez vous habiller!
MAXIME, avec joie: En mari�e?...
L�ONIE: Point, monsieur, en demoiselle de noces!
ROQUEFEUILLE, lui donnant le bouquet: Alors, gardez le bouquet pour que
l illusion soit compl�te! (L�onie hausse les �paules.)
L�ONIE: Ah! vous �tes un impertinent. (Elle sort.)
MAXIME: Mais, je n y comprends rien! Mais si ce n est pas moi, qui marie-t-
on ici?
ROQUEFEUILLE: Cela ne te regarde pas! (A Laurence.) D�p�chez-vous, je
vais faire patienter M. le maire!... (Montrant Robert.) Habillez-le!... (A Maxime.)
Allons, marche!
LAURENCE: Mais, mon ami...
ROQUEFEUILLE: L habit noir, c est de rigueur! Un mariage, grand deuil! (Il
entra�ne Maxime.)
SC�NE X.
LAURENCE, ROBERT.
LAURENCE: Une heure! Je n ai plus qu une heure, et Robert qui dort!
Comment lui faire quitter ce costume pour endosser l habit noir? (Elle
s approche et l appelle doucement.) Robert, mon ami, Robert! (Il ronfle
l�g�rement.) Oh! (Appelant de nouveau.) Robert!
ROBERT, se r�veillant et se levant: Ah! je crois, parbleu! que je dormais!
Quel grossier personnage je fais!
LAURENCE: Il n y a pas grand mal, mon ami, surtout si vous �tes fatigu�!
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Onze jours de si�ge  Jules Verne
ROBERT: C est mon excuse, si je puis en invoquer une!
LAURENCE: Avez-vous besoin de quelque chose?
ROBERT: J aurais besoin de mon lit. (Il s assied sur le canap�.)
LAURENCE, � part: De son lit! (Haut.) Ne croyez-vous pas que cela vous
ferait du bien de quitter ces v�tements si lourds?
ROBERT: Je le croirais assez volontiers; mais, vous l avouerai-je, je me
sens si � l aise dans cette excellente causeuse, que le moindre mouvement
m effraye.
LAURENCE: Qu � cela ne tienne! Ne suis-je pas l�?
ROBERT: Je ne veux pas abuser.
LAURENCE: Au contraire, c est un plaisir pour moi. Entre jeunes �poux, ces
petits soins ne sont-ils pas une preuve de tendresse qu on aime � se donner?
ROBERT, incr�dule: Oh! oh!
LAURENCE: Vous en doutez? Votre femme n est-elle plus votre m�nag�re?
ROBERT: C est tr�s-joli, ce que vous dites l�, ma ch�re Laurence, et je
vous fais mon sinc�re compliment, si vous voyez encore la vie �clair�e des
reflets de la lune de miel! Mais...
LAURENCE: Mais?...
ROBERT: Vous �tes en retard; les ann�es se sont �coul�es, et ce qui
paraissait jadis un jeu charmant et plein de po�sie, risquerait fort aujourd hui de
devenir un non sens ridicule.
LAURENCE: Est-ce vous que j entends?
ROBERT: Je vous �tonne.
LAURENCE: Mais oui, je l avoue... Et ce que vous me disiez, il y a trois
jours � peine... (Elle s assied sur la causeuse pr�s de Robert.)
ROBERT, se levant aussit�t: Pardon!
LAURENCE: Ah!... vous me quittez?...
ROBERT: Non... mais si on nous surprenait, ou nous prendrait peut-�tre
pour des amoureux!
LAURENCE: Eh bien, mon ami?
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Onze jours de si�ge  Jules Verne
ROBERT: Eh bien, ce serait un peu ridicule!
LAURENCE: Ridicule! que vous aimiez votre femme et que votre femme
vous aime?
ROBERT: Ai-je dit cela? En ce cas, je me serai fait bien mal comprendre.
LAURENCE, ranim�e: Ah!
ROBERT: Je vous aime, ma ch�re Laurence, je vous aime raisonnablement
et s�rieusement, comme on doit aimer sa femme, apr�s trois ans de mariage.
LAURENCE: C est-�-dire que l amour ne r�siste pas � trois ans de mariage,
n est-ce pas?
ROBERT: Cela d�pend du r�gime auquel on l a soumis, ma ch�re!... Il
ressemble assez � l eau que vous placez sur le feu. Plus le feu est ardent, plus
vite l eau se perd en vapeur! Ainsi l amour...
LAURENCE: En sommes-nous l�?
ROBERT: Pas encore!
LAURENCE: Pas encore est plein de promesses!
ROBERT: Mais c est le sort qui attend l homme assez fou pour croire la
jeunesse �ternelle; ne luttons donc pas, et ob�issons aux lois de la nature.
LAURENCE: C est charmant! C est-�-dire que...
ROBERT: C est-�-dire qu � l automne de la vie, il ne faut demander ni la
po�sie du printemps, ni les ardeurs de l �t�.
LAURENCE, troubl�e: Ah! Robert, que me dites-vous l�?...
ROBERT: Ce que vous m avez fait comprendre, si vous ne me l avez dit, il y
a trois jours. J ai r�fl�chi, et j ai vu combien vous �tiez sage!
LAURENCE: Mais non!
ROBERT, riant: Mais si!
LAURENCE: �tes-vous s�r d avoir bien compris?
ROBERT: Parfaitement! D�cid�ment, vous aviez raison! Ces v�tements
sont d un poids... Aussi vais-je suivre votre avis, et en changer!... (Il entre �
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